Je suis dans le jury. J'entends le public chuchoter. Je perçois les silences de l'accusé, les pleurs de la plaignante. Le regard du juge me domine par son respect. J'écoute, les deux avocats, celui de la victime d'abord, celui de l'accusé ensuite. Et c'est à la fin des plaidoiries que le devoir me prend à la gorge, qu'il va falloir que je face le juste choix en fonction uniquement de ce que j'ai pu percevoir de la situation que l'on vient de me conter. Difficile de se retrouver assis là, à les écouter, parler, pleurer, et à moi reviens le fait de déclarer ainsi une sentence.
- Mademoiselle, je vous remercie de vous êtes exprimée parce que c'était nécessaire. Nous ne remettons pas en question votre souffrance mais notre client n'a pas la même perception des choses.
Le marteau à la main, j'obtiens le silence dans la salle. Dans ma longue robe noire, je deviendrais presque le maître des lieux, le tout-puissant l'espace de quelques instants, si ce n'est que mon jugement pourra condamner ou pas une vie. Je sens qu'une vie est déjà condamnée, que faire de l'autre. J'ai écouté tous ces gens s'agiter devant ma scène, à plaider le bien ou le mal. Même si ici, il est souvent question de mal. Toujours même, je devrais dire. Au tribunal, les âmes s'y retrouvent perdues. Elles sont anéanties, ou tentent parfois de se reconstruire. Et la peine y a souvent sa place. Pourtant il faut parfois prendre des décisions en fonction de la perception des choses humaines, des actes aux lourdes conséquences.